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    Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 26 août 1789
     
     

     

    Cette table solennelle votée le 26 août 1789 est postérieure à cette époque comme on peut le voir aux ornements qui séparent les deux colonnes du texte : un faisceau, une pique, un bonnet phrygien. Ces symboles inclineraient à dater le document de 1791 au plus tôt ou de 1792 avant la chute de Louis XVI, puisque la mention de l’acceptation de la déclaration par le roi y figure encore. L’ensemble du décor est d’ailleurs caractéristique d’une Révolution déjà parvenue dans sa phase jacobine ou au moins en passe d’y entrer. Tout en haut, un soleil levant figure le triomphe de la raison, en son centre, le triangle de l’égalité, image maçonnique que l’on voit si souvent dans l’iconographie de 1792/1793 et au milieu duquel un œil grand ouvert incarne la surveillance. Les deux femmes de part et d’autre symbolisent l’une la France, l’autre la liberté ; la première tient dans chacune de ses mains l’extrémité de ses fers qu’elle a brisés, la seconde ailée et triomphante a dans la main droite le sceptre de la raison. Reste que le texte est celui de la déclaration d’août 1789, avant qu’il ait été remplacé par la déclaration montagnarde de juin 1793. La surimposition aux 17 articles du texte de 1789 d’un symbolisme postérieur illustre le caractère matriciel de la déclaration de 1789 dans la civilisation politique de la Révolution française : c’est le 26 août 1789 que l’essentiel a été dit sur les nouveaux fondements de la société moderne.


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  • Tableau de Jean Houel, Paris, Musée Carnavalet
     
    Vue du Louvre au moment de l’arrivée du roi à Paris.

    Le 16 juillet 1789, Louis XVI avait capitulé en rappelant Necker et en renonçant à la force. Le 17, il fait son entrée à Paris mais celle-ci n’a plus rien à voir avec l’ancien cérémonial monarchique de l’entrée royale, un des quatre grands gestes rituels où s’exprimait la magnificence de son pouvoir. Louis XVI traverse Paris lentement, dans une mise simple, sans gardes, escorté de députés et de la milice bourgeoise, avec quelques familiers dans son carrosse, entouré de la foule armée des parisiens qui manifestent leur liesse (révolutionnaire). Il est ensuite reçu à l’Hôtel de Ville par Bailly et La Fayette qui lui font porter la cocarde tricolore. L’ancienne monarchie paraît déjà bien évanescente dans ce prélude à l’entrée dramatique que Louis XVI fera en octobre 1789 (après l’invasion du palais de Versailles par la foule, qui exige et obtient le départ du roi pour Paris ; c’est donc escorté par la foule qu’il entre dans Paris le 6 octobre, pour se rendre aux Tuileries).


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  • Le serment du Jeu de paume, par Jacques-Louis David, Versailles, musée National du Château

     
    Commentaire du premier plan (détail)
     

    Au premier plan du tableau, devant la table où Bailly est monté pour lire le serment, on peut voir un groupe de trois députés, debout en train de se congratuler. Deux sont facilement identifiables par leur habit ecclésiastique : à gauche, le moine chartreux Dom Gerle député suppléant de Riom, qui ne siègera en fait qu’à partir de décembre 1789 et ne participait donc pas à la séance du 20 juin ; au centre l’abbé Grégoire ; le troisième personnage est le pasteur protestant Rabaut Saint Etienne. Tous trois sont des figures connues de l’Assemblée. La signification de ce trio amical placé en position très centrale et à l’avant scène, est double : il s’agit d’abord de mettre le serment du jeu de paume sous la protection conjointe des cultes religieux du royaume qui forment ensemble une image de la divinité à la façon du XVIII siècle. L’autre idée est celle de la réconciliation des cultes en la fraternité retrouvée de la Nation et même du genre humain. Dom Gerle et Rabaut Saint-Etienne se serrent chaleureusement la main. Ces retrouvailles entre les adversaires patentés, fils du même Jésus Christ, ont un intercesseur : l’abbé Grégoire qui rapproche de ses bras passés sur leurs épaules les deux protagonistes, tandis que le pasteur, de son côté, le tient aussi de la même façon. David exprime ainsi le rôle réconciliateur de la nouvelle Eglise constitutionnelle, espoir qui, au moment où il travaille à sa composition, est au cœur de l’actualité.


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